1. Société liquide vs société solide
A la solidité d’antan, c’est à dire la permanence des institutions et des structures, a succédé une société “liquide” où tout est mouvement et mutation.
La pierre était avant le référent maître, désormais ce sont les fluides qui prédominent. Et ce, sur presque tous les plans de l’existence : travail, lieu d’habitation, amours, relations, biens de consommation…
Cette situation provoque nombre d’incertitudes et le sujet se retrouve souvent bien seul devant l’étendue des tâches et options à accomplir dans son existence.
Il n’y a donc plus de trame pré-écrite dans lequel le sujet pouvait se couler comme naturellement.
Il s’agit ainsi de s’inventer en permanence et de s’ajuster à la dynamique in-interrompue des choses.
C’est un lourd fardeau que le sujet a souvent bien du mal à porter…
Plus de certitudes, mais un ajustement sans cesse à opérer.
D’où le titre évocateur d’un livre de Ehrenberg : “la fatigue d’être soi”.
Cf Les travaux de Sygmunt Bauman sur “la vie liquide”, “le présent liquide“, l’amour liquide”…
2. Accélération
Non seulement le monde est en mutation permanente mais en plus les flux s’accélèrent sans cesse. Quelques soient les domaines sociétaux, le train des choses, sa temporalité est en constante précipitation. Tous les domaines contemporains sont concernés dans le cadre de l’accélération sociale :
– la technique à travers les mobilités, par exemple du transport et des communications
– les mutations sociales et interpersonnelles de la famille et des institutions
– le rythme de vie qui induit une tension permanente, du stress et des burns out.
Le sujet contemporain est pris dans ce tourbillon et se trouve souvent en grande difficulté psychique.
Un sentiment de fatigue et d’impuissance se fait alors jour.
Cf. les travaux de Harmunt Rosa sur “l’accélération”.
3. Devoir d’adaptation
La socialité contemporaine constitue ainsi une injonction : celle de s’adapter en permanence aux mutations en cours.
Ces mutations sont à la fois économiques, politiques et sociales.
Il s’ensuit une opposition majeure entre la stabilité individuelle et biologique et la dynamique des flux du neolibéralisme qui submergent le sujet.
L’individu se trouve ainsi sommé de s’ajuster aux continues modifications de l’environnement social et politique.
Le sujet est comme “obsolète” et doit se réadapter aux nouvelles exigences de la mondialisation.
Cf. Barbara Stiegler ”il faut s’adapter” et Gunther Anders “l’obsolescence de l’homme”.