Quelques repères concernant cette thérapie selon Irvin Yalom.
Elle s’adresse à tous et non pas seulement à ceux qui seraient des « malades » car cela concerne la condition humaine et le fait d’exister. Il s’agit ici d’un véritable dialogue -de personne à personne-, les questions existentielles abordées étant, en effet, plus le lot de tout être humain, que d’une relation rigide patient/thérapeute. La commune condition humaine est analysée ainsi dans l’étude des positionnements adoptés, des options prises, par la personne en souffrance.
Elle met l’accent sur le présent, sur l’ici et maintenant. Le passé de la personne n’est bien sûr pas nié, il a bien sûr son importance dans la mesure où il joue dans notre existence actuelle, mais l’investigation psychique est portée sur l’actuel, sur le vécu subjectif et sur nos expériences concrètes.
Yalom met en évidence quatre thèmes majeurs de notre situation dans le monde.
• la mort : inéluctable et inscrite dès notre naissance. La vie est donc une conscience dans le monde à la fois brève et intense. C’est une sorte de pharmakon (cf. origine grecque : poison et remède) qui est à la fois une promesse et une limite/castration. Dès lors se pose la question théorique et pratique de comment se couler entre ces deux faits : comment faire avec, comment cheminer tout en sachant que, in fine, cette densité sera comme vaporisée ? La conscience de la mort, et ses formes dérivées de terreurs ou de phobies, est au cœur de l’expérience humain et est générateur d’angoisse. Il s’agit de se confronter et d’apprivoiser cet inéluctable et ne pas s‘abimer dans la fuite, le déni, la fusion… Etre ainsi, moins dans l’évitement énergivore et cause de souffrance, et plus dans l’authenticité de l’acceptation.
• la liberté : que puis-je faire de ce temps imparti ? Vers quoi vais-je aller pour remplir cet espace et cette temporalité et ainsi sculpter cette présence éphémère ? Il faut « profiter » du spectacle et se responsabiliser : c’est-à-dire d’être conscient et proactif de soi-même et de son destin.
Créer sa propre vie en somme, être dans une dynamique de construction, et ne pas laisser piéger par des stratégies d’évitement sous toutes ses formes (mécanismes de défense divers). Il s’agit d’amener le patient à prendre conscience de sa responsabilité dans les évènements qui lui arrivent. Il y a ouverture sur son désir…
• la solitude : nous sommes fondamentalement seuls dans l’existence. La familiarité avec le monde qui nous entoure, l’immersion dans le « on », nous fait oublier temporairement ce constat, nous évitons de nous y confronter, et la non intégration de cette donnée de base induit une limitation de notre existence. La tentation de fusion avec l’autre, par exemple, induit un coût psychique non négligeable, de même que toute stratégie d’évitement, et produit un autre type de souffrance. S’ouvre ainsi les questions de la séparation, toujours possible, et de l’utilisation de l’autre comme besoin. L’harmonie à trouver est un entre-deux : solitude existentielle d’une part et attachement relationnel d’autre part. Afin de créer des relations de réciprocité fondées sur un mode désintéressé.
• l’absence de sens : quel est le sens de La vie et de Ma vie ? Sur quoi se fonder et fonder son existence ? Autant de questions fondamentales qui ne reçoivent pas véritablement de réponse. Le thème de l’absurde peut même émerger et engendrer un stress considérable : sentiment d’inutilité et de vide.
Que faire devant cette situation? A l’opposé des trois autres enjeux, que le thérapeute doit aborder frontalement, Yalom propose pour celui-ci de s’engager dans la voie de l’engagement et de l’action. Ce peut être l’altruisme, le dévouement à une cause, la créativité…
La sagesse indienne peut nous aider à suspendre cette question fondamentale et à vivre dans l’épaisseur des choses. Considérer plus le voyage que la destination.
Conclusivement, la thérapie existentielle rejoint une philosophie concrète dans laquelle il s’agit de se confronter aux fondamentaux de notre être-là dans le monde, à regarder au fond de soi et à assumer notre situation existentielle.